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Un manifeste pour l’investissement de l’UE dans la recherche

L’Union Européenne se trouve à un tournant de son histoire. Face aux défis multiples auxquels elle est confrontée (Brexit, concurrence internationale, transformation numérique, crise environnementale, montée des nationalismes), l’heure des choix décisifs approche, et déterminera la future position de l’Europe sur la place mondiale.

L’Union Européenne se trouve à un tournant de son histoire. Face aux défis multiples auxquels elle est confrontée (Brexit, concurrence internationale, transformation numérique, crise environnementale, montée des nationalismes), l’heure des choix décisifs approche, et déterminera la future position de l’Europe sur la place mondiale.

Alors que le Parlement européen avait proposé en avril 2019 un budget pour la recherche et l’innovation de 120 Mrd€ pour 2021-2027, la Commission précédente l’avait ramené à 94,1 Mrd€ en juin dernier. Pire, les discussions actuelles font craindre que le chiffre définitif ne soit que de 82 Mrd€, moins en Euros constants que le budget précédent ! Une telle diminution aurait durablement un impact négatif sur le fonctionnement de la recherche et la capacité d’innovation européenne.

Il est crucial d’afficher des ambitions budgetaires à la hauteur de ces défis. Comme l’a rappelé Emmanuel Macron lors de la célébration des 80 ans du CNRS, soutenir à un niveau important la recherche constitue un facteur-clé pour les développements technologiques futurs, et relève d’enjeux sociétaux. Il en va également de la souveraineté de nos pays, confrontés à la Chine et aux États-Unis qui pourraient devenir les seuls maîtres des technologies de rupture, de l’intelligence artificielle aux nouvelles énergies. Un investissement insuffisant dans ce contexte condamnerait l’Europe aux seconds rôles.

L'avenir de dizaines de milliers de scientifiques européens, de jeunes effectuant leur doctorat ou leur post-doctorat, dépend de ces décisions financières. L'Europe fera-t-elle des efforts suffisants pour conserver ses talents, étudiantes et étudiants, chercheuses et chercheurs, et leur offrir les meilleures conditions pour devenir les bâtisseurs de notre avenir, ou les laissera-t-elle partir s’épanouir en Amérique du Nord ou en Asie ? L’Europe sera-t-elle le territoire de l’innovation de rupture en 2025, et attirera-t-elle les étudiants et les entreprises qui construiront le monde de demain ? 


Alors que la décision du Conseil européen approche, nous, sociétés savantes, représentant des scientifiques de tous les domaines des sciences, technologies, mathématiques, sciences sociales et humaines, appelons solennellement à ce que le compromis budgétaire colle à la proposition initiale du Parlement, reflétant l’engagement de l’UE pour la recherche et l'innovation. La France doit peser de tout son poids dans la négociation avec nos partenaires européens. 

 

Éducation, Recherche et Innovation : priorités pour le cadre financier multi-annuel de l’Union européenne. Lettre adressée ce jour à Mme F. Vidal, Ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, Mme Amélie de Montchalin, Secrétaire d’État aux affaires européennes et M. Bruno Le Maire, Ministre de l’économie et des finances.

Publiée le 05.12.2019