Devenir de l'enseignement des mathématiques
Cher(e) collègue,
Des inquiétudes profondes s'expriment actuellement sur le devenir de l'enseignement de notre discipline, alors qu'on constate un affaiblissement de la formation mathématique dans l'enseignement secondaire, en contenu et en horaires, et que les étudiants semblent se détourner des études scientifiques. La confusion du discours public actuel, aggravée par les propos récents du ministre C.Allègre, accroît l'inquiétude de tous. Dans ces circonstances, que peut faire et que fait la SMF ?
Avant de répondre, je voudrais cependant souligner que les déclarations du ministre, inutilement péremptoires, simplificatrices et provocatrices, et surtout quelquefois grossièrement erronées, veulent réagir aux préoccupations, voire aux angoisses des électrices et des électeurs liées à un développement technologique et scientifique qui souvent les dépasse, au développement croissant de l'informatique, et aussi au rôle d'instrument de sélection sociale que jouent encore les mathématiques. Nous devons être conscients de ces angoisses et de l'image de notre discipline auprès du grand public au moment d'envisager une action.
Le ministre se pose en expert scientifique même dans des domaines éloignés de ses propres compétences, et surtout il a un accès facile aux médias grâce à sa fonction et aussi grâce à sa position de scientifique reconnu. La SMF ne dispose quant à elle que du poids de ses adhérents, un peu moins de 2000, ce qui ne lui assure ni les moyens ni une représentativité à la hauteur de ce qu'on attend d'elle. Néanmoins, la SMF peut et doit par ses interventions favoriser la cohésion de la communauté des mathématiciens et faire entendre sa voix.
La SMF est le lieu ou le débat peut s'engager hors des contraintes des engagements partisans ou syndicaux, débat interne à la communauté des mathématiciens qui est la base de toute action vers l'extérieur. Pour cela les adhérents de la SMF disposent de nombreux outils : la Gazette qui ouvre ses colonnes à nos débats internes, une Commission Enseignement, des Débats ou Rencontres comme la journée du 15 janvier ou furent présentes les premiers travaux de la Commission Kahane.
De plus la SMF se propose d'utiliser ses ressources humaines et informatiques pour donner de l'espace a ces débats : - une rubrique "Tribune libre" est ouverte des aujourd'hui sur le serveur de la SMF (http://smf.emath.fr/Enseignement/), destinée à accueillir, sous la seule responsabilité de leur auteur, les textes qui lui seront adresses a cet effet. - nous travaillons à l'installation prochaine d'une ou plusieurs "listes de discussion par courrier électronique", avec archivage, indexation des archives et -pour parler franglais- "modération".
La SMF doit aussi s'assurer que les autorités de tutelle associent l'ensemble des parties concernées (GTD, sociétés savantes, etc.) lorsqu'il s'agit de réfléchir a l'évolution de l'enseignement de notre discipline. C'est ainsi que nous avons obtenu (avec les sociétés partenaires) la mise en place de la commission de réflexion sur l'enseignement de s mathématiques, présidée par J.P. Kahane.
Enfin, la SMF doit jouer un rôle de défense et promotion des mathématiques. Exprimer son indignation par une pétition n'est pas nécessairement, pour la SMF, la manière la plus efficace de défendre les mathématiques. Limitée aux mathématiciens --dont l'image n'est pas excellente-- elle risque ne se retourner contre nous. Il faut répondre de manière réfléchie, qui n'élude pas les problèmes qui sont à l'origine des déclarations outrancières du ministre. C'est pourquoi, à cote des initiatives prises par certains de nos collègues, nous préparons un texte d'explication et de promotion des mathématiques, que nous souhaitons publier avec le soutien des sociétés savantes d'autres disciplines : informatique, physique, biologie.
Bien cordialement,
Le Bureau de la SMF