Sexisme et livre de maths pour ingénieurs au XXIème siècle
La SMF découvre avec consternation l'existence d'énoncés proprement édifiants dans le recueil d'exercices, "Exercices de probabilités pour futurs ingénieurs et techniciens" publié par la maison d'édition Ellipses[1].
La présentation de ce livre précise que " pour ces étudiants qui sont en général soucieux de l’utilité de ce qu’on leur enseigne, chaque exercice est placé dans un contexte concret. Ce n’est pas ici que l’on trouvera des problèmes d’urnes remplies de boules noires et de boules blanches…" C’est possible. On y trouve en revanche plusieurs exercices dans lesquels « Robert et Brad » expérimentent des techniques de dragues lourdes[2] ou encore une employée de bureau amoureuse et peu professionnelle espérant déjouer la vigilance de son chef[3]. L’utilité annoncée dans le préambule semble aussi peu soucieuse de l’intérêt professionnel que du public féminin que ces formations peinent à accueillir, et pour cause.
Sous couvert d'humour, ces exercices véhiculent de manière explicite des stéréotypes sexistes voire valorisent des comportements dégradants à l'égard des femmes ; ce sont des artéfacts bien identifiés et dénoncés par le Haut conseil à l’égalité qu’on retrouve en nombre sur les réseaux sociaux[4].
Alors que l’observatoire des violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur souligne l’importance du sexisme et les violences sexistes et sexuelles dans les milieux étudiants[5] et que les violences ont souvent lieu lors des événements festifs, les énoncés des exercices 41 et 83, apparaissent même problématiques.
Par le manque d'inclusivité du titre et par des contenus qui reflètent une vision stéréotypée et sexiste du monde, ce manuel contribue au renforcement de l'image de domination masculine qui règne encore actuellement en mathématiques et dans les formations technologiques ou d’ingénierie, que la SMF ne peut que condamner.
[2] Dans l'exercice 41 p. 60, "Robert drague des filles", avec "chose étonnante" plus de succès auprès des brunes que des blondes. Il collectionne les numéros de téléphone car "après avoir obtenu un numéro, Robert, l'incorrigible, continue de draguer"; Dans l'exercice 83 p. 110 Robert et Brad lors d'une soirée "tentent de sortir du célibat en faisant des propositions aux jeunes filles jusqu'à ce que l'une d'elles accepte"
[3] Dans l'exercice 74 p. 87, "Tous les matins, pendant son travail, une employée de bureau appelle son fiancé. Elle appelle à une date au hasard entre 8h et 12h, et la conversation dure toujours 30 minutes. Le chef de service de cette employée passe une fois dans la matinée pour la surveiller. Le but de l'exercice est de déterminer la probabilité que l'employée soit surprise par son chef en pleine conversation privée".
[4] Le rapport du HCE "la femme invisible dans le numérique : le cercle vicieux du sexisme" met clairement en évidence le problème de sexisme sous couvert d'humour : "Sur TikTok, 61% des vidéos présentent des comportements stéréotypés masculins et 42,5% des séquences d’humour et divertissement contiennent des représentations dégradantes des femmes."
[5] Selon le dernier rapport de l'observatoire des violences sexistes et sexuelles dans l'enseignement supérieur, 21% des étudiantes qualifient de sexiste l'ambiance générale de leur établissement d'étude et seulement 36% des étudiantes se sentent tout à fait en sécurité dans leur cadre étudiant en ce qui concerne les violences sexistes et sexuelles.
En conséquence la SMF et la SFdS ont adressé aux Éditions Ellipses la lettre ci-dessous :
