Motion des participants au congrès SMF 2016 concernant le financement de la recherche en mathématiques
En effet, le comité en charge de l’évaluation des projets scientifiques ANR relevant des mathématiques et de l’informatique (CES 40) a décidé à l’unanimité de démissionner et de retenir les classements sur lesquels ils ont longuement débattu.
Les raisons de cette action sont nombreuses et partagées par la communauté.
Depuis plusieurs années, le CES 40 regrette la rigidité du fonctionnement de la procédure de sélection qui ne prend pas en compte les spécificités de chaque discipline.
La situation des mathématiques est particulière : les financements demandés sont souvent moins importants que dans d’autres domaines; pour autant les applications dans les sciences pures et appliquées sont nombreuses, porteuses d’innovations dans l’ensemble des domaines scientifiques, notamment technologiques.
Le manque d’une politique scientifique qui serait identifiée en amont par la puissance publique, met en danger la vitalité d’une communauté mathématique française internationalement reconnue. Nous assistons en 2016 à une baisse de plus de 20 pour cent du nombre de dossiers déposés, conséquence d’une lassitude générale de nos collègues, devant le taux de réussite très faible, uniforme pour toutes les disciplines, et les nombreuses contraintes imposées par l’ANR. Cette lassitude est également ressentie par le comité et les rapporteurs, dont le travail n’est ni facilité, ni reconnu.
Enfin, le mode de répartition actuel tend à concentrer les moyens sur un nombre réduit d’acteurs, et a des conséquences dramatiques sur la recherche mathématique étant donnée la part croissante du financement par projet.
Aussi, les participants au premier congrès de la Société Mathématique de France réunis à Tours du 6 au 10 juin 2016 soutiennent le CES 40 dans sa démarche et demandent à ce que les responsables publics et politiques se saisissent de ces questions.
La recherche en mathématiques nécessite que la répartition du budget soit confiée au comité afin de répondre à des choix scientifiques et non à des règles administratives non-adaptées à la discipline.