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Le cas Sophie Kowalevskaya

Vidéo de la conférence du 5 avril 2006 donnée dans le cadre du cycle "Un texte, un mathématicien".

Quoi de plus simple qu'une toupie ? Et pourtant, regardez une toupie : elle tourne autour de son axe ; mais son axe tourne autour de la verticale, avec en plus des oscillations. Simple avez-vous dit ? Les plus grands mathématiciens ont étudié le mouvement des toupies : Lagrange et Euler au XVIIIème siècle dans des cas assez simples, puis Sophie Kowalevskaya, dans un article fameux paru en 1889. Une mathématicienne donc. Ce qui paraît aller de soi aujourd'hui (mais est-ce que même maintenant, cela va complètement de soi ?), qu'une femme ait une carrière scientifique, ne l'était pas du tout au XIXème siècle. Sophie Kowalevskaya, née en 1850, fut la première femme à obtenir un doctorat de mathématiques, à l'université de Berlin en 1874, la première femme à obtenir une chaire en mathématiques dans une université européenne, la première femme à obtenir un grand prix de l'Académie des sciences de Paris, la première femme à devenir membre correspondant de l'Académie des sciences de Saint Petersbourg (par dérogation du Tsar). Et pourtant, elle ne portait pas le régime tsariste dans son coeur : elle était au contraire proche des milieux révolutionnaires russes dans les années 1870 et 1880, ces "nihilistes" décrits par Tourgeniev ou Dostoievski et sur qui elle a écrit un court roman largement autobiographique. Elle participa à la Commune de Paris. Elle mourut en 1891 d'une pneumonie, alors même qu'elle atteignait sa maturité scientifique. "Les mathématiques sont la science qui demande le plus d'imagination," disait-elle, qui voulut être mathématicienne, parce que les mathématiques la passionnaient, et aussi pour démontrer qu'une femme pouvait l'être. Mais au-delà de ce que S.K. symbolise dans la lutte des femmes pour l'égalité des sexes, c'est bien plus à son article de 1889 que sera consacrée la conférence.

 

Michèle Audin

Michèle Audin est professeure à l'université Louis Pasteur de Strasbourg, membre de l'Institut de recherche mathématique avancée (unité mixte de recherche CNRS-Université Louis Pasteur). Spécialiste de géométrie, Michèle Audin s'intéresse depuis plusieurs années à la théorie des systèmes intégrables. Elle est auteur de plusieurs dizaines de livres ou articles mathématiques.

Publiée le 05.06.2006