Décès de Michel Raynaud
Michel Raynaud a été membre du Conseil d'Administration de la SMF de 1988 à 1991.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Raynaud
"Chers tous,
C'est avec une immense tristesse que nous avons appris le décès, samedi 10 mars, de notre collègue Michel Raynaud.
Né en 1938 et ancien élève de l’ENS Ulm, Michel Raynaud a été élève de Grothendieck, qui a écrit à ce sujet : « Michel Raynaud prend une place à part, ayant trouvé par lui-même les questions et notions essentielles qui font l’objet de son travail de thèse, qu’il a de plus développé de façon entièrement indépendante ; mon rôle de "directeur de thèse" proprement dit s’est donc borné à lire la thèse terminée, à constituer le jury et à en faire partie. »
Son œuvre scientifique est de tout premier plan. De fait, Michel a été l’un des piliers de l’école de Grothendieck et du développement de la géométrie algébrique moderne ainsi que de la géométrie rigide analytique. Ses travaux sur le foncteur de Picard, les modèles de Néron, les schémas en groupes de type (p,p, ..., p) ont joué un rôle crucial dans beaucoup de résultats spectaculaires en arithmétique (comme la preuve de la conjecture de Mordell par Faltings et du théorème de Fermat par Wiles). En 1983, il a démontré la conjecture de Manin-Mumford qui affirme qu’une sous variété d’une variété abélienne complexe qui ne contient pas de translatée d’une sous-variété abélienne non nulle ne contient qu’un nombre fini de points de torsion, et, en 1994, la conjecture d'Abhyankar sur le groupe fondamental de la droite affine en caractéristique positive.
Michel fut aussi un éminent collaborateur de Nicolas Bourbaki.
Michel a été professeur à Paris-Sud de 1967 à sa retraite en 2001. Il s'est beaucoup impliqué dans la vie du laboratoire et, en particulier, de l’équipe d’Arithmétique et Géométrie Algébrique, dont il a été le premier directeur. Très exigeant vis-à-vis de lui-même, Michel avait une petite tendance à considérer que faire des mathématiques était un tel plaisir qu'il fallait aussi, et surtout, s’occuper des étudiants de la fac. Il a joué un rôle fondamental dans le fait qu'à Orsay, l’enseignement est pris très au sérieux. Il s'était investi sans compter dans notre département d'enseignement, notamment dans la mise en place de la préparation à l'agrégation, avec le succès que l'on sait. Modèles de clarté, ses cours, à tous les niveaux, ont marqué des générations d'étudiants.
D’un naturel modeste et effacé, Michel n’avait pas réussi à éviter totalement les honneurs. Conférencier invité au congrès de Nice en 1970, il reçut le prix Ampère en 1987 et le Cole Prize en 1995. Il a été élu correspondant de l’Académie des Sciences en 1994. Mais surtout, il avait une aura extraordinaire et les plus grands mathématiciens du monde entier se pressaient pour le consulter sur des points délicats.
D'une gentillesse et d'une générosité extrêmes, il savait faire partager avec bonheur et simplicité sa profonde vision des mathématiques. On connaît son humour décapant, qu'il sut garder jusque dans les tout derniers moments.
Nous transmettons toutes nos condoléances et nos amitiés à sa femme Michèle et à son fils Alain.
Elisabeth Gassiat
Directrice du LMO - Laboratoire de Mathématiques d'Orsay
Présidente du département de mathématiques
http://www.math.u-psud.fr/~gassiat/"
L'hommage de la Gazette (n°159, janvier 2019)