Compte-rendu journée du 31 mars 2007
Présidentielle : compte-rendu de la journée du 31 mars 2007 à l'invitation de "Sauvons la recherche"
Cité des Sciences de la Vilette, Paris
Pour plus d'informations :
http://recherche-en-danger.apinc.org/spip.php?article1565 http://recherche-en-danger.apinc.org/spip.php?article1567
http://recherche-en-danger.apinc.org/spip.php?article1573
Compte-rendu de François Germinet, pour le bureau de la SMF
Le matin les représentants de sept candidats à l'élection présidentielle avaient répondu à l'invitation : François Bayrou, Olivier Besancenot, José Bové, Marie-George Buffet, Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy, Dominique Voynet étaient représentés.
L'après-midi, Michel Alberganti recevait dans son émission en direct sur France Culture douze personnalités afin d'évoquer le contexte de la recherche française en cette période de campagne présidentielle :
- J.-P. Chevènement,
- F. d'Aubert,
- H. Audier (SNCS),
- E. Brézin (ancien président de l'Académie des Sciences),
- T. Coulhon (Deuxième Vice-Président de la CPU),
- M Fink (Professeur à Physique-Chimie),
- J. Lecourtier (directrice de l'Agence Nationale de la Recherche),
- P. Le Hir, journaliste au Monde en charge des questions de recherche,
- A. Migus, Directeur Général du CNRS
- B. Monthubert, président de l'association "Sauvons la Recherche"
- P. Papon, ancien Directeur Général du CNRS
- A. Trautmann, ex-porte-parole de SLR
Lors de cette journée, l'ensemble des thèmes et questions du questionnaire aux candidats élaboré avec les sociétés savantes de physique et de chimie, a été évoqué.
Bien plus que lors des précédentes, semble-t-il, la question de la recherche et de l'innovation occupe une place importante au sein de cette campagne présidentielle. Ce point a été noté avec satisfaction à plusieurs reprises lors de cette journée. Mais la satisfaction s'arrête là, puisqu'il s'agit de faire le constat d'une recherche française en danger, car n'ayant pas les moyens de son ambition et de ses capacités. D'ailleurs, si urgence il n'y avait pas, si la place de la France sur la scène internationale de la recherche et de l'économie n'était pas clairement menacée, ce thème serait-il si présent dans la campagne ? A la lueur de quelques indicateurs, les politiques semblent enfin s'apercevoir des conditions alarmantes de notre recherche : faible investissement financier dans la recherche (2,15% du PIB au lieu des 3% préconisés), recul dans les classements internationaux, fuite de nos meilleurs éléments, faiblesse de la valorisation technologique, pour n'en citer que quelques uns.
Si tous partagent le constat, les avis divergent sur les remèdes Deux constantes néanmoins au sein des programmes des candidats : augmenter les moyens investis dans la recherche et revaloriser les salaires des chercheurs, post-doctorants et doctorants, afin d'être attractifs sur le plan international.
Les représentants de la gauche antilibérale ainsi que les représentants de SLR réclament le retrait de la loi d'orientation et de programmation sur la recherche, avec en particulier : la suspension de l'ANR et une réflexion de fonds sur celle-ci (ses actions, ses axes), et surtout de la suppression immédiate de l'AERES. L'ANR est perçue, tel qu'elle fonctionne aujourd'hui, comme une entreprise de démantèlement de la recherche publique. Certes l'ANR a répondu à certains besoins réels (financements supplémentaires et ponctuels pour certains chercheurs). Mais la formule pourrait être toute autre, tout en répondant à ces mêmes besoins. En particulier, avec la pratique d'appel à projets à répétition, ils dénoncent une logique de projets à court terme, alors qu'en matière de recherche fondamentale, c'est le long terme qui prime. Que des moyens ciblés soient octroyés à une recherche à fort potentiel technologique et à enjeu sociétaire important, l'idée en est acceptée et partagée. Par contre les programmes blanc de l'ANR vont à l'encontre des revendications de la gauche anti-libérale, en ce qu'ils introduisent une temporalité à brève échéance (2 à 4 ans) en opposition avec le temps naturel de la recherche fondamentale, qui s'évalue plutôt sur le long terme (10 ou 20 ans).
Ils dénoncent également la logique de multiplication des guichets, obligeant les chercheurs et directeurs de laboratoire à passer leur temps à répondre à des appels d'offre, réduisant d'autant le temps consacré à la recherche elle-même Enfin si la question de l'évaluation n'est pas rejetée, la gauche antilibérale estime suffisante une évaluation des laboratoires dans le cadre du contrat quadriennal.
Du côté des programmes de candidats de droite, centre, gauche et des verts, un important effort financier est annoncé sur la recherche, avec un chiffrage indicatif (allant de +5% pour l'UMP à + 10% pour le PS, en ce qui concerne la part de l'état). Tous déclarent qu'ils soutiendront la recherche fondamentale. Tous déclarent que l'université doit être la gagnante de l'opération, en ce qu'elle est la structure naturelle de rayonnement international et en ce qu'elle assure en harmonie les deux missions incontournables que sont la recherche d'aujourd'hui et la formation des chercheurs de demain.
Il est également proposé de faire valoir auprès de la communauté européenne la nécessité de sortir les dépenses en recherche fondamentale, y compris les salaires, des dépenses de fonctionnement, et de les considérer comme de l'investissement. Cela aurait comme effet mécanique de libérer ces charges de l'entrave budgétaire du pacte de stabilité et de croissance (puisque les investissements ne sont pas pris en compte dans le calcul de la dette). Il semble qu'il y ait consensus sur ce point.
Constat est fait qu'en ce qui concerne la recherche, le gros des aides publiques vont aujourd'hui aux grandes entreprises et aux grands groupes industriels, Il est nécessaire d'inverser la tendance. Tous mettent l'accent sur les PME/PMI qui ne consacrent quasiment pas de forces à la recherche. Tous soulèvent également, ce qui va de paire avec la remarque précédente, l'épineux problème du manque criant de reconnaissance, dans les entreprises, du diplôme de doctorat. Primauté est clairement donnée aux ingénieurs, au détriment des étudiants issus d'un master ou d'un doctorat, avec comme effet collatéral pervers, la quasi-absence dans les entreprises de cadres ayant eu un contact avec l'univers de la recherche. En demeurant ainsi hermétiques au monde de la recherche, nos entreprises se privent d'une sensibilité et d'un savoir-faire qui les empêcheront à terme, si ce n'est déjà le cas aujourd'hui, d'être compétitives en matière de recherche et innovation, et de s'imposer sur le plan international.
L'articulation entre les universités, avec cette double mission de formation et de recherche, et les entreprises (notamment les PME/PMI), pourvoyeurs potentiels d'emplois et de financements, devra se développer. Les pôles de compétitivité semblent à ce sujet recueillir leurs faveurs des uns et des autres. Consensus aussi sur l'intérêt des PRES.
L'UMP souhaite favoriser l'interdisciplinarité et concentrer les efforts de financements sur certains thèmes d'enjeu sociétaire (environnement, transport, énergie,...). SLR oppose qu'on ne peut pas prévoir ce qui de la recherche d'aujourd'hui servira dans 10 ans. Il suffit de penser à l'exemple du rétrovirus du sida découvert par une équipe qui ne travaillait pas dans le courant principal de la recherche de l'époque.
L'autonomie des universités n'a été que effleurée. Si la gauche antilibérale se montre très réticente à cet égard, aucune discussion technique n'a eu lieu sur ce point (quelle autonomie, quelle modification du conseil d'administration et pourquoi faire ?).