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Réforme du lycée, la formation en mathématiques en question

La réforme du lycée conduit à une réduction inquiétante de l’enseignement des mathématiques au lycée, en contradiction avec les défis scientifiques et technologiques à venir.

Les sociétés de mathématiques(*) alertent sur l’impact négatif de la réforme du lycée sur l’enseignement des mathématiques en première et terminale.

La note d’information de novembre 2021 de la DEPP(1) montre que la réforme du lycée a conduit à l’économie par le ministère de l’éducation nationale de près de 36 000 heures d’enseignement en premières et terminales des séries générales et technologiques entre 2018 et 2020. Cette diminution concerne essentiellement les mathématiques et la technologie qui perdent environ 20% des heures auparavant dispensées aux élèves(1). Derrière cette observation, l’absence de mathématiques dans le tronc commun est indéniable : moins de 7% des heures de l’enseignement scientifique général est assuré par des professeurs de mathématiques.

Comme mise en évidence par les dernières enquêtes internationales TIMMS 2019 et PISA 2015(2), la faiblesse des compétences mathématiques des élèves et collégiens français aurait pourtant mérité mieux qu’une stratégie d’abandon de la formation mathématique au lycée, qui, comme d’habitude en France, pénalise encore davantage les classes défavorisées(3).

De plus, cette diminution de la formation mathématique et technologique va à l’encontre des besoins croissants de la société concernant les secteurs de l’innovation, de la technologie, de l’ingénierie, nécessitant par exemple de la modélisation numérique et statistique(4,5). Ignorant les alertes répétées de la communauté mathématique sur ce sujet, les politiques choisissent donc l'affaiblissement du vivier des étudiants capables de faire face à ces besoins(6) et aggravent le déficit actuel de qualification dans les disciplines mathématiques, scientifiques, techniques.

Il serait temps que les pouvoirs politiques prennent conscience de l’importance des problèmes de formation des élèves et des enseignants en mathématiques et proposent, contrairement à l’abandon, des investissements significatifs à tous les niveaux, élèves, enseignants, formateurs. Ces investissements sont indispensables pour retrouver un niveau de compétences satisfaisant pour l’ensemble de la population, tant pour le socle commun de tous que pour les futurs techniciens, ingénieurs, scientifiques dont la société aura besoin pour relever les défis immenses de l’avenir de notre société.

(*) ADIREM, APMEP, CFEM, SFdS, SMAI, SMF

(1) Note d’Information, n° 21.37. , fig. 2

(2) Note d’Information, n° 19.08. et n° 20.46 fig 2

(3) Note d’Information, n° 21.22.

(4) OCDE Regard sur l’éducation 2020, p.97

(5) Étude pour le Parlement Européen, Encourager les études en Sciences, Technologie, Ingénierie et Mathématiques, 2015

https://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/STUD/2015/542199/IPOL_STU(2015)542199_EN.pdf

(6) SMF, nouveaux profils des étudiants en sciences, avec le filtre des mathématiques, 2021

https://smf.emath.fr/smf-dossiers-et-ressources/0121-nouveaux-profils-des-etudiants-en-sciences-avec-le-filtre-des

 

Publiée le 24.11.2021