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Mélanie Guenais sur France Inter

Mélanie Guenais Vice-présidente de la SMF, était invitée au Grand Entretien sur France Inter à 8h20 le mercredi 6 décembre 2023

Mélanie Guenais, Vice-présidente de la SMF, était invitée au Grand Entretien sur France Inter à 8h20 le mercredi 6 décembre 2023 

 

En compagnie de 

- Najat Vallaud-Belkacem ancienne ministre de l'Éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, directrice France de l'ONG ONE.
- Xavier Jaravel économiste, lauréat de l’édition 2021 du Prix du meilleur jeune économiste.
- Mélanie Guenais mathématicienne, vice-présidente de la Société Mathématique de France et coordinatrice du collectif Maths & Sciences.

La discussion avait pour objet la publication de l'étude PISA de l'OCDE et les annonces du ministre de l'Education Nationale, Gabriel Attal ayant suivi.

 

Résumé des interventions : 

Animateurs : Bonjour et bienvenue dans notre table ronde sur l'école et l'éducation, suite à la publication des résultats de l'enquête PISA. Nous accueillons aujourd'hui Najat Vallaud-Belkacem, ancienne ministre de l'Éducation nationale, Xavier Jaravel, professeur d'économie à la London School of Economics, et Mélanie Guenais, enseignante chercheuse en mathématiques à l'université Paris-Saclay.

Réaction

  • Najat Vallaud-Belkacem : Bonjour. Les résultats de l'enquête sont mauvais, c'est un fait. Nous devons veiller à ce que notre réponse ne soit pas précipitée et exacerbant le problème.
  • Xavier Jaravel : Bonjour. Je veux souligner l'impact économique de ces résultats. La baisse des compétences éducatives représente une perte de 140 milliards d'euros pour l'économie française, ce qui est aussi important que d'autres sujets économiques majeurs.
  • Mélanie Guenais : Bonjour. Effectivement, les résultats ne sont pas bons, mais il faut noter que la France est toujours dans la moyenne des pays de l'OCDE, malgré une baisse plus prononcée en mathématiques. Il ne faut pas céder à la précipitation et à l'urgence médiatique.

Discussion

  • Najat Vallaud-Belkacem : Il est crucial de ne pas pointer du doigt les enseignants ou les élèves, mais de se concentrer sur la gestion du système éducatif. La pénurie d'enseignants et les conditions dégradées sont des problèmes majeurs. La place des écrans et la distraction numérique sont des questions sociétales importantes.
  • Xavier Jaravel : La baisse du niveau en mathématiques est particulièrement alarmante et unique à la France dans l'OCDE. L'Allemagne et le Portugal ont utilisé un "cocktail de mesures" pour remonter dans les classements. Il ne faut pas seulement se focaliser sur les inégalités, car la baisse des performances touche également les meilleurs élèves, ce qui suggère que les problèmes sont plus complexes et multifactoriels, ni sur quelques réformes iconiques.
  • Mélanie Guenais : Le temps de réflexion et la formation continue des enseignants sont essentiels. Nous devons évaluer nos systèmes éducatifs et comprendre les causes sous-jacentes des problèmes actuels si nous voulons prendre les mesures adéquates. Il n'y a pas eu d'analyse des véritables causes des difficultés du système éducatif français au cours des 40 dernières années.

Propositions

  • Najat Vallaud-Belkacem : Les inégalités sociales et scolaires sont des facteurs clés. Il faut apprendre à gérer l'hétérogénéité des classes et éviter de créer des groupes de niveaux qui peuvent accentuer les inégalités.
  • Xavier Jaravel : Tout en reconnaissant le problème des inégalités, il faut aussi considérer l'impact économique global et l'importance de l'orientation des élèves. Les élèves devraient être encouragés et aidés à trouver des voies qui correspondent à leurs compétences et intérêts, au-delà des performances académiques traditionnelles. Les compétences de base dans tous les domaines sont cruciales pour l'adoption de nouvelles technologies. Bien que la séparation stricte des élèves par niveau de compétence tout au long de l'année peut être problématique, des groupes de besoin plus flexibles et ciblés pourraient être bénéfiques.
  • Mélanie Guenais : La formation continue est un point clé. Il faut s'inspirer de modèles réussis comme au Québec, où il y a une grande continuité dans la stratégie pédagogique et une forte collaboration entre le terrain et la recherche. On devrait laisser plus de temps aux enseignants pour qu'ils aient le temps de réfléchir à l'enseignement et de travailler ensemble.

Conclusion

Cette table ronde a mis en évidence la complexité des défis auxquels le système éducatif français est confronté à la lumière des résultats de l'enquête PISA. Les intervenants ont souligné l'importance d'une approche nuancée et réfléchie, en prenant en compte les inégalités, la formation des enseignants, l'impact économique, et la nécessité d'une gestion efficace du système éducatif.

Publiée le 07.12.2023