PISA 2022 : les annonces contradictoires du ministre de l’Éducation nationale

Le 5 décembre 2023, simultanément à la publication du rapport PISA 2022, le ministre de l’Éducation nationale Gabriel ATTAL a présenté plusieurs mesures pour endiguer la baisse de niveau constatée. 

cette   analyse a pour objectif de confronter les informations sur notre système éducatif données par PISA avec les annonces du ministre. 

Elle met en évidence la déconnection entre les recommandations du rapport et les annonces du ministère qui risquent au contraire d’accroître les difficultés qu’elles prétendent combattre. 

Elle souligne la nécessité d’éviter les effets d’annonce et de renforcer l’appui sur les connaissances scientifiques nationales et internationales liées aux systèmes éducatifs. S’appuyant sur les résultats de PISA,  plusieurs axes sont proposés, concernant notamment le mode de gouvernance du système éducatif dans notre pays qui permettraient, peut-être, d’envisager des améliorations de notre système.

Quelques observations issues des rapports du PISA : 

• "Dans les systèmes d’éducation très équitables et très performants, [...] le redoublement est rare ; [...] et le regroupement par niveau entre classes différentes concerne relativement peu d’élèves."
• "Dans les systèmes éducatifs se situant dans le quart inférieur des performances en mathématiques, les autorités nationales ont joué un rôle central dans ces domaines, les enseignants jouant un rôle mineur."
• "L’expérience d’un certain nombre de pays indique que, à moins que les enseignants et leurs représentants ne soient activement impliqués dans la formulation de la politique enseignante et ne ressentent un sentiment d’appropriation de la réforme, il est peu probable que des changements substantiels soient mis en œuvre avec succès." 

et parmi les recommandations :

• Proscrire le redoublement : "Le redoublement est coûteux et inefficace pour améliorer les résultats scolaires." 
• Éviter les regroupements par niveau : "Les différences de performances en mathématiques entre les élèves ayant fréquenté des écoles qui pratiquent et ceux qui ne pratiquent pas les compétences, regroupées dans différentes classes (pour certaines ou toutes les matières), ont tendance à être faibles". 

• "Suivre une approche ascendante qui implique les enseignants et les écoles et s’appuie sur leurs connaissances pour élaborer les politiques"

• “ [...] s’appuyer sur le dialogue et la participation des parties prenantes"

• "Placer les connaissances et les données factuelles au cœur de l’action"

• " […] veiller à ce que les enseignants disposent de suffisamment de temps pour les activités qui maximisent l'apprentissage des élèves (telles que [...] la collaboration professionnelle, [...] le développement professionnel".

Mélanie Guenais